A l’occasion de la rénovation d’une maison située en ÃŽle-de-France, l’architecte d’intérieur Flora Auvray a, sans complètement bouleverser le plan initial, opéré une véritable transformation de la salle de bains parentale. Grâce à de subtils détails – du genre de ceux qu’apportent les professionnels de l’agencement et de la décoration – elle en a fait un lieu non seulement confortable mais unique.
Initialement, l’accès à la salle de bains se faisait par la chambre. L’ouverture de deux murs porteurs a apporté davantage de confort d’usage à cette suite parentale, réorganisée. Non seulement l’espace bain bénéficie désormais d’une entrée indépendante, via une porte coulissante, mais le déplacement de cette ouverture a fait gagner une surface meublable non négligeable au pôle nuit (plans ci-contre : à gauche l’existant, à droite la réalisation).
Au-delà du « beau et fonctionnel à la fois »
L’adaptation aux besoins des utilisateurs a guidé une restructuration qui se veut pratique, et pas seulement jolie. A ses clients potentiels, Flora Auvray présente d’ailleurs ainsi son métier, et la manière dont elle entend l’exercer : « Mon travail d’architecte d’intérieur est d’abord une plongée en profondeur dans votre projet de vie. Mon objectif est de vous mener bien au-delà du “beau et fonctionnel à la fois” ! J’étudie vos besoins dans le détail à partir de vos goûts et attentes, de votre manière d’envisager l’avenir dans votre nouvel espace. Je crée ainsi avec vous ce lieu de vie, en parfaite cohérence avec votre identité, votre mode de vie et vos aspirations profondes. »
Améliorer le quotidien
Dans une logique d’amélioration, elle a donc écouté avant de livrer des propositions concrètes. De ces échanges, il est ressorti que, si la salle de bains existante était toujours appréciée, certaines choses pouvaient être revues, et même corrigées. Et pas seulement parce que les modes et les goûts changent. Les personnes et leur façon de vivre aussi.
Pour davantage d’intimité, les toilettes ne sont plus intégrées à la salle de bains, mais séparées, accessibles depuis le sas qui distribue la zone parentale.
Ainsi, au titre des modifications qui simplifient le quotidien, la marche qui menait aux anciens meubles-vasques a été supprimée. Une chape a été tirée sur toute la longueur de la pièce, qui forme un rectangle orienté sur le jardin, d’où la lumière pénètre par une baie occupant toute sa largeur. Afin de profiter de cette vue paysagée comme de l’afflux d’éclairage naturel, les propriétaires ont évité la vitre en verre dépoli, privilégiant des stores en tissu, suffisants en l’absence de vis-à -vis.
L’avantage d’une disposition en quinconce
En revanche, c’est cette notion de regard sur autrui qui a guidé la rénovation des points d’eau. Si, dans le nouvel agencement, Monsieur et Madame disposent toujours de leur propre unité, les meubles – et surtout les miroirs – ne se font plus face. Cette disposition s’étant révélée perturbante lors d’une utilisation conjointe, c’est maintenant à chacun son reflet grâce à une implantation en quinconce. Sans que cela ne dérange la symétrie de l’agencement, chaque vasque est déportée sur la gauche. Plus de tête-à -tête par miroir interposé, ni de dos-à -dos : à l’heure de la toilette, la circulation s’en trouve fluidifiée. Les détails ayant leur importance, pour ne pas heurter le regard en entrant dans la pièce, les prises de courant sont posées côté fenêtre.
D’une grande capacité de rangement, ces meubles jumeaux offrent de larges zones de dépose, souhaitées par la maîtresse de maison pour disposer ses nombreux flacons. Alors qu’avant les plans de toilette était recouverts d’une mosaïque, ils font maintenant corps avec le meuble et se prolongent sur les côtés. Jambages et plan avec vasque encastrée par le dessous sont en quartz légèrement texturé, dont le rendu de surface mat uniformise l’ensemble, ton sur ton… la facilité d’entretien en prime, en l’absence de joints. Faisant office de crédence, le carrelage en arrière-plan est aussi animé de lignes horizontales, dans les mêmes tonalités ivoires. Le pourtour rétro-éclairé du miroir souligne les reliefs de ce grès cérame qui imite la pierre bouchardée, la lumière jouant sur les contours irréguliers.
Libérer les volumes
Ce halo qui irradie le mur en créant du volume rappelle les aménagements au plafond pensés par Flora Auvray. Pour donner une impression de hauteur au centre de la pièce, qui paraissait un peu « écrasée », elle a créé une corniche lumineuse. Cette source d’éclairage indirecte est la bienvenue dans la salle de bains, d’autant que le bandeau en périphérie intègre des spots à leds en retrait, qui n’éblouissent pas.
L’espace douche en vedette
La baignoire centrale a disparu. Le projet s’est orienté vers une solution plus accessible et économe en eau, avec la création d’une vaste douche comparée à l’ancienne, aux dimensions proches d’une cabine. Le confort d’usage s’est aussi accru avec l’intégration d’une assise réalisée à partir d’une solution prête à carreler. Les portes, en verre non plus opacifiant mais transparent, apportent de la clarté à cette douche à l’italienne d’une superficie de 1,80 m².
A l’intérieur de la douche, une feuille de pierre naturelle habille le sol, les murs et le banc. Dans une palette de sables chauds, cette ardoise est en harmonie avec les nuances de beige et de blanc du décor, d’une élégance douce et feutrée. Ce type de revêtement ultra-mince et léger (1 mm d’épaisseur seulement, ce qui réduit notablement le coût de la pierre naturelle) a l’avantage d’être cintrable et de ne présenter aucun joint, ce qui facilite sa mise en œuvre et l’entretien.
A proximité de la douche, le radiateur sèche-serviettes, est installé là où se tenait auparavant la porte des WC. Sa finition est chromée, comme l’ensemble de la robinetterie, mais aussi le cadre et les poignées de la porte battante de la douche, ou encore celles des meubles ou du grand placard de rangement encastré, dissimulé derrière des portes en verre à fleur, coulissantes et donc gain de place. Au niveau de la baie, un radiateur, lui aussi miroir, est venu remplacer l’ancien radiateur-plinthe, réfléchissant la verdure du jardin.
Le projet en détail
♦ Surfaces : salle de bains avant intervention 12,20 m², après intervention 10,40 m² (dont douche à l’italienne, 1,80 m²). Toilettes : 1,80 m².
♦ Appareils sanitaires : Receveur et banc à carreler Wedi, paroi de douche Kinedo (modèle Kinespace en verre transparent).
♦ Robinetterie : set de douche Grohe Rainshower Allure, douchette Grohe Power and Soul Cosmopolitain 130, mitigeurs mono commandes de lavabo Grohe Allure.
♦ Meuble-vasque : poignées Common chromées POI59160 CH, barres sèche-serviettes Roca (Nuova chromé L40 cm), plans-vasques et jambage en quartz Stone Italiana (collection Jaipur, Thyme).
♦ Chauffage : radiateur sèche-serviette Acova (Kadrane Akaro 130/055GF), radiateur miroir Worldstyle (Liedown 20043S, H 120 cm).
♦ Luminaires : PC sur cotés des meubles-vasques Jung LS990 couleur Ivoire, spots douche Modular (LOT IS 86 IP55 MR16 GE).
♦ Menuiseries : portes de placard et cotés visibles laqués mat, Guittet (coloris ref. 22 059).
♦ Carrelage : Porcelanosa, collection Newport Old beige, format 33 x 60 cm (au-dessus des plans-vasques), Iris Ceramica, collection Sync White mat, format 60 x 60 cm et 60 x 30 cm (au sol).
♦ Feuille de pierre dans la douche (sol, murs, banc) : Stoneleaf (Ankara).
♦ Entreprises ayant pris part au projet : Sobema (maçonnerie, plâtrerie, carrelage), Collini (Staff), Electrosoult (électricité), Sud Plomberie (plomberie), NBA (peinture), Eurobois (menuiserie), Paco (marbrerie), Hicham (feuille de pierre), Le Boudoir (stores).
Agence Flora Auvray
♦ A la tête de son agence depuis 2012, Flora Auvray est architecte d’intérieur CFAI (reconnue par le Conseil Français des Architectes d’Intérieur) et présidente du Pôle Action des Architectes d’intérieur IDF.
Photos Géraldine Andrieu.