La tendance atelier s’invite dans la salle de bains, lui offrant un look urbain. Mélange de design vintage et de finitions actuelles, la robinetterie de style industriel s’inspire des lofts new-yorkais pour styliser le point d’eau. Misez sur le détail déco (et fonctionnel) qui change tout !
Multiples, les finitions proposées par les fabricants permettent de personnaliser sa robinetterie et de mettre en vedette son lavabo sans forcément en changer. Certains modèles de mitigeurs ou de mélangeurs sont disponibles dans plus de vingt aspects différents pour s’offrir une salle de bains à la carte, en phase avec les aspirations déco du moment, à commencer par le style industriel !
D’apparence assez froid, le chromé n’est plus la seule option dans la salle de bains. Le traditionnel argenté a perdu de sa cote, détrôné par des couleurs originales qui « habillent » la robinetterie et lui confèrent un look unique, chaque teinte donnant au décor une tonalité particulière. Si le coût de ces finitions « sur-mesure » (plus délicates à produire) n’est pas celui du basique, le rendu non plus !
La Brooklyn touch dans la salle de bains
Dans l’esprit atelier, la préférence va plutôt aux tonalités sombres, jusque-là encore peu vues dans la robinetterie de salle de bains. Les traces de calcaire (fatalement plus visibles par contraste) ne semblent pas freiner les ardeurs des amateurs d’ambiances foncées. Toute palette confondue, le noir caracole en tête des must-have du moment, en accord avec de nombreux éléments du décor, des structures de consoles métalliques au point d’eau en passant par les parois de douche qui imitent les verrières d’atelier. Il séduit en mat tout autant que dans sa variante rutilante, dite « black chrome », dans laquelle l’œil perçoit des reflets changeants, presque moirés, d’une grande subtilité (Graff, collection Vintage, photo ci-dessus).
Les surfaces patinées à l’ancienne, façon « canon de fusil », sont remises au goût du jour, avec des effets particulièrement nuancés (Fantini, collection Fontane Bianche). Cette appellation, revue et corrigée en « Gun Metal » (cette simple traduction lui ajoutant une petite note « dark », très en vogue), joue sur différentes intensités de brun brûlé et de charbon qui lui donnent de la profondeur, laissant deviner des sortes de marbrures imparfaites en filigrane (Zazzeri, mitigeur de lavabo Pop, version Industrial Look). Vintage oblige, il s’agit de reproduire artificiellement un aspect « usé », comme si cet objet vieilli (et non vieux, nuance) avait traversé les époques tout en proposant, en prime, le confort d’usage et la performance en termes d’économies d’eau d’un produit d’aujourd’hui. Grâce à ces faux-semblants, ces néo robinets de lavabo ont un air de brocante, mais sans les inconvénients de l’ancien !
La plupart de ces finitions sont brossées. Toutes sortes de dégradés de gris graphite, acier ou nickel, assez masculins, sont déclinés pour adopter le look industriel (THG, collection Dean). En animant la matière, cet aspect fruste lui apporte une profondeur nouvelle qui dépoussière le genre, notamment avec l’inox AISI 316 (matériau qualitatif, d’une exceptionnelle résistance) qui s’impose de plus en plus dans des collections de robinetterie contemporaines (Boffi, collection Pipe, design Marcel Wanders). Au-delà de cette esthétique authentique, une surface non polie s’avère plus facile à entretenir (moins de traces de doigts, par exemple). Ci-contre, mitigeur Graff.
Au contraire de ces finitions assez ténébreuses, des tons cuivre, bronze ou laiton vieilli évoquent avec élégance la tuyauterie tout en apportant une note rétro assez chic. Dans le style industriel, la plomberie ne se cache plus, elle devient un élément du décor à part entière. Toutes font ressortir le côté métallique sans paraître trop clinquantes. L’or brillant n’ayant pas sa place dans ce registre qui rend hommage aux textures brutes, on lui préfère une version pâle, plus douce et encore une fois souvent brossée.
Hommage à la mécanique des fluides
La typologie du robinet de lavabo de style industriel est immédiatement reconnaissable. D’un point de vue formel, une robinetterie inspirée par les usines reconverties en logement branché des quartiers de Manhattan ou de Soho se distingue par un bec tubulaire, qui évoque la plomberie en cuivre. Ce bec peut être mince ou au contraire large, pour renforcer l’analogie avec les canalisations (Bongio, collection Bowling, ci-dessus). Plus le diamètre est important, plus la robinetterie revendique son ADN industriel, ce qui va jusqu’à ressembler à un pipeline (Treemme, collection Watertube). XS ou XXL, ces conduits symbolisent la distribution d’eau dans la maison, qu’ils assurent avec allure au lavabo.
Certains de ces tubes cylindriques sont lisses d’un bout à l’autre, d’autres sont annelés, figurant un « assemblage » de plus petites sections, comme par « soudure » ou « emboîtage » (Graff, collection Vintage ; Margot, collection Industry, ci-dessus ; Bleu Provence, collection Metroplitan). Là encore, cette idée sublime la plomberie des installations sanitaires, qui apparaît comme un art, à la fois beau et utile au quotidien.
Une vanne pour régler le débit des robinets de style industriel
La manette est un élément de distinction de la robinetterie industrielle. En version murale à encastrer ou à poser, deux poignées permettent de régler la température et le débit de l’eau sur les mélangeurs (modèles trois trous ou deux trous à « pont »). Chaque fabricant y va de son design, qui puise son inspiration dans l’univers des anciennes fabriques, et encore une fois du réseau de distribution des fluides, notamment de l’eau potable.
Presque toujours circulaires, ces leviers sont une reproduction miniaturisée d’une vanne dont les branches facilitent la préhension. En étoile, ces divisions ergonomiques sont au nombre de deux (IB Rubinetterie, collection Bold Round), quatre (Fantini, collection Fontane Bianche ; Officina Nicolazzi, collection Arena), cinq (Boffi, collection Pipe, photo ci-contre) ou six (Bleu Provence, collection Metropolitan). Ces rosaces ne sont parfois pas loin de figurer des pétales de fleurs, histoire d’introduire un peu de fantaisie et de nature dans un univers décoratif résolument urbain (Neve, mitigeur de lavabo Volare).
Faisant référence aux usines, la robinetterie industrielle est conçue comme une sorte de machinerie facile d’usage. Elle va jusqu’à jouer sur le contraste entre l’eau et le feu. La collection Vintage de Graff fait en effet référence à un type particulier de buse de lance d’incendie, celle des pompiers du Chicago Fire Departement dont le logo présente des similitudes avec les poignées ondulantes des robinets (photo ci-dessus, en finition nickel brossé obtenue par galvanisation).
Des robinets aux croisillons rouge feu, etc
Les versions monocommande sont plus rares, mais intéressantes et le modèle Mayday d’Antoniolupi surfe aussi sur une certaine urgence. Son nom fait référence au code de détresse utilisé dans les communications radio-téléphoniques pour signaler, entre autres, le naufrage d’un bateau… Unique, le bouton poussoir déclenche l’arrivée d’eau par pression de la main comme sur une alarme, tandis que le réglage du débit et de la température se fait par rotation de la molette. Cette manivelle revêt une couleur rouge, symbole de danger, laquelle est très couramment utilisée par la robinetterie de type loft, apportant une note dynamique au décor. Ces manettes se prêtent en fait à toutes les personnalisations (en porcelaine, elles sont par exemple déclinées en 19 coloris chez Neve).
Parfois, ce sont des incisions précieuses (on parle de guillochage, une technique de gravure fine empruntée à l’horlogerie-bijouterie) qui apparaissent sur ces disques ou des poignées plus classiques en « aile d’avion » (Gessi, collection Inciso, photo ci-dessus ; Officina Nicolazzi, collection Arena). Hommage au travail du métal, ce motif en relief ajoute à un côté grippant et enjoliveur à la fois.
A noter : la plupart des robinetteries de style industriel sélectionnées dans ce sujet peuvent équiper aussi pour le lavabo que la douche ou la baignoire. Donc, rien ne vous interdit de coordonner l’ensemble…